12 janvier 2007

Un homme est mort

Brest. Déjà cinq années que la guerre s’est tue mais les bombardements ont transformé la ville en un gigantesque champ de ruines. Un désert au bord de la mer. Mais un désert grouillant de bâtisseurs de tous poils qui, en un temps record, vont redonner des habitations décentes aux Brestois qui logent alors dans des baraques. De l’ancienne ville fortifiée, il ne reste à peu près rien. Le choix d’une architecture moderne, rigoriste, hissant l’orthogonalité au rang de paradigme esthétique, allait donner naissance à « Brest-la-Blanche ». Peu s’en souviennent et c’est « Brest-la-Grise » qui marque aujourd’hui l’esprit des visiteurs de cette cité du bout du monde.
Du travail, il y en a pour tous, mais les conditions sont éprouvantes dans une ville où tout est à reconstruire. La colère gronde chez les ouvriers des chantiers. En 1950, c’est la grève. Le 17 avril, après un mois de mouvement, un cortège de plusieurs milliers d'hommes manifeste, malgré une interdiction tant officielle que douteuse. La tension monte face aux forces de l’ordre qui s’apprêtent à commettre l’irréparable. Rue Kérabécam, à une enjambée de l’hôpital, les manifestants sont mis en joue. Des coups de feu retentissent. On dénombre plusieurs blessés mais surtout un mort : le jeune Edouard Mazé.
Le lendemain, le cinéaste militant René Vautier répond à l’invitation de la CGT. Il arrive à Brest pour réaliser un documentaire sur le drame et ses conséquences.

L’histoire d’un film aujourd’hui disparu.

Petit chef-d’œuvre de la BD, cet album témoigne d’une Histoire qui n’entre que rarement dans les livres. Des personnages forts et attachants évoluent sur fond de lutte sociale. Parallèlement, et même s’il n’en est pas clairement question, la Guerre d’Indochine transpire dans le récit. Et lorsque la poésie de Paul Eluard se confond avec les embruns d’une Bretagne forte en culture, on ne peut que s’incliner !

Un homme est mort, Kris et Davodeau (Futuropolis)

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