13 décembre 2006

La forme de l'eau

Je ne lis que très peu de polars et ne détiens pas toutes les clés de la construction de ce genre d’ouvrage. Mais il me semble pourtant que La forme de l’eau,
d’ Andrea Camilleri, illustre bien ce que l’on recherche dans ce style littéraire : la découverte d’un corps – bien sûr -, dans une décharge publique où officient des prostitué(e)s de tous genres ; une mafia sicilienne qui fait régner la loi du silence ou fait taire quiconque pourrait nuire à ses intérêts ; et le commissaire Montalbano qui rechigne à porter une arme trop lourde qui déforme les poches de son costume. Si de premier abord, ce tableau apparaît assez sombre, le livre n’en est pas pour autant dénué de finesse. Le ton utilisé par l’auteur sert à merveille la nonchalance d’un commissaire qui sait d’expérience que la vérité ne se trouve qu’aux frontières de la légalité. C’est sans violence et à son rythme que Montalbano nous guide au travers des méandres d’une affaire apparemment trop simple, s’offrant le temps de souligner l’éloquence d’un avocat capable de prononcer « improcrastinabilité » sans même bafouiller.
Un livre qui rentre dans ma catégorie – fort respectable et appréciable – « lecture SNCF » : sa lecture vous fait occulter le son du DVD que regarde, sans casque, votre voisin et atténue l’odeur des œufs durs dont se délecte bruyamment le vieux garçon endimanché assis derrière vous.

La forme de l'eau, Andrea Camilleri (Fleuve Noir)
 

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