
Sans elles, mes soirées sont tristes, mais par leur faute, mes nuits sont courtes. Elles m’usent, m’exténuent, siphonnent jusqu’à la dernière goutte ce qu’il me reste de volonté. Et moi, pour ça, je vais jusqu’à leur laisser une partie de ma paye…
Elles, les sadiques, moi, le masochiste.
Le lendemain, plus trace de blondes, de brunes, de rousses. Juste des signes de leur passage, comme des rappels des dérives de la veille. Car ces créatures mercantiles font payer longuement quiconque est entré dans leur jeu.
Le lendemain, l’atmosphère est lourde, méphitique. Je suis pris d’une sensation infecte de déjà-vu, de déjà vécu. Un goût amer envahit tant ma bouche que mes pensées et je jure devant dieu que l’on ne m’y reprendra plus. Jamais. C’est fini. C’était la dernière fois.
Mais ma croyance en dieu est des plus modérées et, alors que j’ai juré le matin même, le soir venu, mes résolutions s’estompent. Une fois encore, je rentre dans l’échoppe, salue les habitués dont je suis aujourd’hui. Et sans réfléchir, j’utilise les mêmes mots que la veille :
« Une bière s’il te plaît ».